Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mon royaume aqua
25 septembre 2011

Pourquoi les hommes ne savent pas rompre???

Samuel Loutaty

Contrairement aux femmes, ils n’ont presque jamais le courage d’affronter la fin d’une relation. Ou alors, ils le font très brutalement. Est-ce à cause de leur mère ?

« J’ai reçu un e-mail me disant qu’il avait été très heureux avec moi, mais qu’il avait rencontré quelqu’un d’autre. Il terminait son message en me souhaitant bonne route ! » Julie, 37 ans, rupture après une relation de un an. « Il s’est muré dans le silence pendant des semaines, j’ai essayé en vain de crever l’abcès, il a fini par me dire qu’il s’installait chez un de ses copains pour faire le point. Il y est resté et je n’ai jamais eu aucune explication ! » Corinne, 35 ans, rupture après deux ans de vie commune.

« Ces témoignages montrent bien que les hommes ont énormément de mal à avouer leurs sentiments et à dire les choses franchement, analyse Stéphane Szerman, psychothérapeute et auteur du Guide du bien-être (Robert Laffont, 2001). D’ailleurs, quand ils viennent consulter, ils n’évoquent jamais la difficulté qu’ils ont à rompre, mais parlent d’anxiété, de stress ou de tout autre chose. Ce n’est vraiment qu’après un travail plus poussé qu’ils avouent une demande cachée du type : “Je ne suis pas bien chez moi, j’ai envie de partir.” Dans nos sociétés, l’homme a l’habitude d’être dans l’action. Il est à la recherche de concret, de résultats. Or, la rupture est synonyme de perte et d’incertitude, donc d’angoisse. » C’est pourquoi ils sont si nombreux à éviter de rompre clairement ou à nouer très vite une nouvelle relation après avoir quitté leur épouse ou compagne… quand ce n’est pas avant. Une manière pour eux de conjurer une angoisse d’autant plus difficile à surmonter qu’ils ont du mal à l’exprimer.

« Je m’arrange toujours pour être quitté plutôt que de quitter, explique Philippe, 27 ans. Comme ça, je n’endosse pas les habits du salaud, du bourreau, et tant pis si cela suppose de se montrer odieux pour rendre l’atmosphère irrespirable et pousser ainsi l’autre à prendre l’initiative. C’est peu glorieux mais très efficace ! »

Yvan, 31 ans, en couple depuis bientôt dix ans et père d’un petit garçon, connaît une autre tentation : « J’ai envie de tout plaquer, de partir loin au moins vingt fois par an et je ne le fais jamais. Ma compagne, elle, quand elle a eu envie de me quitter, a pris deux fois sa valise pour partir réfléchir ailleurs. » Cette dissymétrie totale de comportement ne surprend guère Jacques-Antoine Malarewicz tant, pour lui, le rapport de l’homme au couple est radicalement différent de celui de la femme. « A l’heure actuelle, le couple est féminin ou n’est pas », résume-t-il en une formule un brin provocatrice. Selon lui, les femmes ont en effet développé une aspiration au bonheur et à une vie de couple réussie – à savoir épanouie sur le plan sexuel et sentimental – en même temps qu’elles ont acquis leur autonomie sociale. Aussi n’hésitent-elles pas à rompre si leurs conditions de réussite du couple ne sont pas remplies.

Une difficulté à s’exprimer clairement

Les hommes, eux, en sont restés à un modèle archaïque du couple, datant du XIXe siècle, où, une fois la phase de séduction passée, ils n’ont plus rien à construire ni à travailler. C’est pourquoi ils prennent conscience du délabrement de leur couple très tard. Trop tard. Et le thérapeute prédit que les choses ne changeront que si les hommes deviennent plus exigeants et définissent leurs propres critères d’une relation réussie.
Pour Christine Halphen, psychothérapeute, spécialiste du couple, les hommes auront fait un grand pas en avant quand ils auront appris à "se séparer" plutôt qu’à "rompre".

L’homme qui rompt brutalement donne rarement à sa partenaire les raisons de sa décision, et cette incapacité à s’expliquer clairement augmente la souffrance de celle-ci. « Quitter l’autre sans explication, c’est ne lui laisser aucune chance de se défendre, aucune chance de dire : “Je ne suis pas d’accord” ou “Toi aussi, tu portes ta part de responsabilité”, explique la psychanalyste Martine Teillac. Pouvoir établir une liste des griefs, c’est aussi en écarter certains, tandis que n’en évoquer aucun, c’est les considérer tous comme justifiés. Le non-dit tue l’autre, qui, dans ce silence, va investir tous ses fantasmes, toutes ses incertitudes. Il est ensuite très difficile pour la femme quittée de se reconstruire car, d’une certaine façon, elle se trouve niée dans sa totalité. »

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité